SOUL ASSASSINS :
Ce crew californien à forte dominante latine (Cuba et Porto-Rico notamment) s’est construit autour du producteur DJ Muggs au tout début des années 90. Pendant un peu moins d’une décennie les albums sortis sous la bannière Soul Assassins seront gages d’exigeance musicale, si bien qu’ils influenceront durablement la production rap de la fin du siècle et qu’ils entrent presque tous dans la catégorie des classiques du genre.
Après avoir fait ses armes au sein du groupe 7a3, Muggs rencontre les futurs membres de Cypress Hill et les convainc de lâcher leur style de vie marginal pour produire le premier album du groupe qui rencontre un succès underground immédiat ainsi qu’une certaine reconnaissance commerciale (en partie due à la multiplication des videos tirées du disque).
Fort de ce premier essai transformé, et en parallèle à la carrière florissante de Cypress Hill, Muggs produit alors deux nouveaux groupes, Funkdoobiest et House Of Pain, créant ainsi la structure plus ou moins officielle (devenant un label musical par la suite) qui prendra le nom de Soul Assassins. La composition de chacun des groupes du crew est similaire : un producteur attitré (Muggs/Ralph M/Lethal) ainsi qu’un MC à la voix caractéristique (B-Real/Sondoobie/Everlast) soutenu par un acolyte discret mais à l’énergie vocale et scénique indéniable (Sen Dog/Tomahawk Funk/Danny Boy).
Bien que chapeauté en grande partie par Muggs, chaque groupe possède son identité propre, aussi bien amenée par les influences musicales de chacun des DJ, que par les thèmes abordés dans leurs premières livraisons (la fumette pour Cypress Hill, le sexe porno pour Funkdoobiest et les origines irlandaises pour House Of Pain). On distingue d’ailleurs différentes périodes dans les styles de productions du crew. Ainsi, les premiers albums sont d’un genre assez léger et funky, construit autour de samples stridents tandis que les basses accentuent leur lourdeur dans les albums suivants dans une ambiance plus poisseuse.
A partir de leurs troisièmes albums, la participation de DJ Muggs se fait moins forte (mis à part chez Cypress Hill bien sûr) et la qualité des beats s’en ressent quelque peu lorsqu’ils deviennent plus convenus. Cet investissement moindre du mentor du crew s’explique probablement par la masse de travail fournie pour produire ses compilations estampillées Soul Assassins réunissant la crème du rap de l’époque, mais aussi par son envie de multiplier les collaborations avec de jeunes beatmakers qu’il initia au rap game (Alchemist et DJ Khalil par exemple).
Le virage un peu plus «rock» entamé avec le quatrième album de Cypress Hill, ainsi que le succès du groupe auprès de la scène alternative blanche (participation au festival alternatif américain Lollapalooza entre autres) explique également que la base hip hop du crew se soit un peu effritée et que Funkdoobiest et House Of Pain se soient éloignés peu à peu (jusqu’à complètement se séparer pour ces derniers).
Malgré l’arrivée de nouveaux membres, The Psycho Realm (avec les MC’s Sick Jacken et le défunt Big Duke) en tête, le crew fut un temps beaucoup moins en verve, peut-être à cause de l’éparpillement de Muggs et de son intérêt croissant pour le design et le tatouage, mais semble connaître depuis quelques années une nouvelle période musicalement faste, pour preuve la collaboration de Muggs avec Planet Asia ou le dernier album de Funkdoobiest qui rappellent que la formule Soul Assassins n’est pas tout à fait perdue…
CYPRESS HILL : DJ Muggs (beatmaker) + B-Real & Sen Dog (MC’s)
Discographie sélective :
– Cypress Hill (1991)
– Black Sunday (1993)
– Temples Of Boom (1995)
– Revamped (1996)
– IV (1997)
FUNKDOOBIEST : DJ Ralph M (beatmaker) + Sondoobie & Tomahawk Funk (MC’s)
– Which Doobie U B?! (1993)
– Brotha Doobie (1995)
– Troubleshooters (1997)
– Golden B-Boys (2010)
HOUSE OF PAIN : DJ Lethal (beatmaker) + Everlast & Danny Boy (MC’s)
– House Of Pain (1992)
– Same As It Ever Was (1994)
– Truth Crushed To Earth Shall Rise Again (1996)