Decompoze – The Breakdown (ft. One Be Lo & RoSpit) [2017]…ce MC originaire de la région de Detroit, après avoir été un fervent défenseur du style boom bap, moribond au début des années 2000, au sein du groupe Binary Star, et 10 ans après son premier projet solo, nous propose un album dense (« Maintain Composure »), produit par ses soins, qui fleure bon la nostalgie…sur une douzaine de titres, Decompoze nous démontre sa science du beatmaking en choisissant judicieusement ses samples et en les agençant pour donner dans le rap mélancolique (« Open Heart, Closed Mind ») ou plus abrasif (« D.ill.juice ») mais sans jamais oublier un goût certain pour les beats up-tempo efficaces rappelant le travail d’un Insight, comme on peut l’entendre dans ce titre rappé avec son acolyte de toujours One Be Lo…même si certains pourront déplorer un manque de folie dans les flows ou le choix des instrus, au final, l’album est parfaitement équilibré et s’écoute d’une traite, sans lassitude, et constitue une vraie bonne surprise pour un artiste dont on n’attendait plus grand chose …
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YNL – Detroit’s Finest [2014]
YNL – Detroit’s Finest [2014]…Sonny & Nailz sont deux jeunes rappeurs parfaitement inscrits dans leur époque qui ont compris l’importance d’occuper le terrain numérique afin de se faire une place dans la jungle hip hop. Ainsi ils inondent les auditeurs de mixtapes au contenu plus ou moins abouti, montrant ainsi leur progression vers des productions plus personnelles…avec cet album commun sous le nom de YNL, le duo mélange de nombreuses influences et entraîne l’auditeur dans un tourbillon musical assez jouissif. Piochant aussi bien dans le funk tardif (The Gap Band avec « Outstanding ») ou le rap old school et dépouillé de Slick Rick (« Sonny’s Story ») que dans la house music trépidante et pointue de leur ville natale de Detroit, l’album (produit en partie par leurs soins) se rapproche de la booty bass de Miami pour son côté débridé et festif ainsi que des productions de la scène contemporaine (l’influence trap n’est jamais bien loin) tout en gardant un feeling très 80’s fort agréable. Le résultat est assez surprenant grâce a cette alliance d’exigence musicale très référencée et de fraîcheur juvénile fort bien maîtrisée…un disque à écouter donc, au moins par curiosité…
Ron Jon Bovi – We Get It Poppin’ [2016]
Ron Jon Bovi – We Get It Poppin’ (ft. Guilty Simpson) [2016]…éminents représentants de deux des pôles les plus importants du rap américain, Casual et Phat Kat, l’un issu du crew californien Hieroglyphics et l’autre, proche collaborateur de J-Dilla à Detroit, mettent aujourd’hui leur savoir-faire en commun…ainsi, sous la direction musicale et artistique du beatmaker Unjust, ils conçoivent un projet très réussi sous le nom improbable de Ron Jon Bovi…dans un disque au titre lui aussi étrange (« Neaux Mursi »), le duo varie entre deux ambiances propres à leur style de prédilection. Ainsi, certains titres (« WWYS », « Deja Vu »…) proposent une ambiance posée chère à une certaine scène d’Oakland tandis que d’autres (à l’image du titre présenté ici qui invite Guilty Simpson, comme un lien supplémentaire entre les deux MC’s en tant que natif de Détroit et signataire sur le pointu label californien Stone Throw) sont plus proches du son abrasif pratiqué dans la Motor City…la réussite de ce projet tient dans cet équilibre instable entre les deux facettes du duo, comme si une certaine schizophrénie musicale se laissait amadouer afin de nous plonger dans des sonorités certes peu faciles d’accès parfois mais équilibrées par de subtils détails sonores ne se laissant apprécier qu’au fil des écoutes…
Illa J – Universe [2015]
Illa J – Universe [2015]…après un premier album très réussi (« Yancey Boys » en 2008) où les prods étaient assurées, à titre posthume, par J-Dilla son regretté frangin, Illa J propose un deuxième album éponyme tout aussi inspiré… le duo venu de Montréal, les Potatohead People (Nick Wisdom & AstroLogical), produit entièrement ce disque relax où l’influence du plus connu de la famille Yancey reste encore très présente…ainsi les accords de piano rythmiques de « Cannonball » ou la basse pneumatique de « All Good pt 2 », « Never Left » et « Perfect Game » n’auraient sûrement pas été boudés par Dilla, notamment dans ses premières prods pour Slum Village…mais une autre influence semble se faire jour dans le travail d’Illa J, celle du toujours excellent Moka Only (Canadien extrêmement prolifique et compagnon de route des Swollen Members)…celui-ci, en featuring sur 4 des 11 titres de l’album, apporte son goût pour les beats aiguisés mais tout en finesse (« Who Got It »), les ambiances évanescentes (« She Burnt My Art ») et les sonorités étranges (« All I Need »)…pourtant, contrairement à son premier opus, Illa J élargit ici son horizon musical en s’éloignant quelque peu du rap le plus pur…en effet, il pose parfois son flow sans heurts sur des beats au feeling très électro 80’s (« Strippers », « French Kiss ») avec des arrangements vintage parfaitement agencés pour ensuite aller lorgner vers le funk le plus dansant (cet entraînant « Universe » aux sonorités très jacksoniennes) voire même du côté de la house music chère à sa patrie de Detroit qu’il amène vers une vibe lounge qui lui sied parfaitement (« Sunflower »)…en résumé Illa J livre un album tout à fait recommandable dans lequel il alterne avec une aisance déconcertante et sans démonstration excessive, scansion rap et ligne de chant soyeuses pour mieux entraîner l’auditeur dans un chaleureux tourbillon d’émotions et de sons hautement addictifs et délicats…une des grosses claques de cette fin d’année!
Sir Michael Rocks – Bussin’ [2014]
Sir Michael Rocks – Bussin’ (ft. Casey Veggies & IAMSU!) [2014]…ce natif des environs de Chicago et moitié du duo The Cool Kids sort enfin son premier album officiel (« Banco ») après de nombreuses mixtapes remarquées…pour ne pas décevoir l’attente placée en lui il s’adjoint les services de quelques poids lourds du rap game, le vétéran Too $hort ou le versatile Mac Miller par exemple, ainsi que de jeunes loups au CV déjà bien rempli à l’exemple de ce featuring avec les californiens Casey Veggies et IAMSU!…il y adopte le style très en vogue dans sa région mais atténue ces beats modernes parfois irritants par des références constantes à une West Coast dépouillée et planante proche de la Booty Bass ou de ce rap de détraqués pratiqué dans le « Dirty South »…
Add-2 – Dear You [2013]
Add-2 – Dear You [2013]…quatrième livraison de ce rappeur de Chicago, la mixtape « More Missed Calls » propose un ensemble plus cohérent que les précédents opus…Add-2 y privilégie des ambiances jazzy influencées par Pete Rock, exercice où il se montre plus convaincant que sur des prods au rythme plus soutenu…
Elzhi – Halftime [2011]
Elzhi – Halftime [2011]…membre du groupe Slum Village, Elzhi remet au goût du jour, à travers une réorchestration discrète, un classique de l’âge d’or du rap new-yorkais… « Illmatic » de Nas, sorti en 1994, reste ce qu’il est mais se découvre une seconde jeunesse grâce aux instrumentations live de Will Sessions et au flow du MC de Detroit, plus élastique que l’original …
Mac Miller – Kool Aid & Frozen Pizza [2009]
Mac Miller – Kool Aid & Frozen Pizza [2009]…ce jeune et prolifique MC venu de Pittsburgh fait un carton auprès de la middle class blanche américaine (son style parfois appelé « frat rap » semble être particulièrement prisé sur les campus universitaires), peut-être est-ce dû à ses capacités microphoniques évidentes ou à l’accessibilité des sons qu’il choisit…avec ce beat tout en retenue du old timer Lord Finesse (légende new-yorkaise et membre du crew DITC), Mac Miller réalise sans doute l’un de ses meilleurs morceaux…
Educated Consumers – Steal [2007]
Educated Consumers – Steal [2007]…ce duo réunissant un MC (Seez Mics) et un DJ/Beatmaker (t.E.C.K.!), formation à la source de la culture rap, produit habilement ses instrus en y ajoutant des arrangements live…en y associant une recherche pointilleuse du sample adéquat, ces adeptes d’un discours conscient ravivent un boom bap pour nostalgiques des 90’s…