Black Knights – Hood Liberator [2015]…quel est le point commun entre les Red Hot Chili Peppers, émérites représentants d’un rock-funk aux arrangements ciselés, et le Wu-Tang Clan, meute de furieux ayant dynamité la communauté hip hop au début des 90’s ? Aucun à première vue, si ce n’est l’adoption progressive d’un son plus « pop » au cours des années.. C’était compter sans l’éclectisme de John Frusciante (ancien guitariste des RHCP et principal compositeur des meilleurs albums du groupe) et son goût de l’expérimentation. Vvéritable rat de studio au cerveau mis en ébullition par des années de consommation de psychotropes en tous genres, il se lance dans la production hip hop en remettant en selle ce groupe californien affilié au Wu-Tang (entendu pour la première fois sur la compilation « Wu-Tang Killa Bees » en 98). Le résultat de cette collaboration improbable est assez surprenant, après un premier album où le guitariste cherche encore sa patte de beatmaker, englué dans une production très lisse, le trio renouvelle l’expérience en 2015 avec ce deuxième opus (« The Almighty »). Frusciante se révèle, en tant qu’infatigable dénicheur de sons, être à la pop psychédélique ce que Madlib est au jazz (toute proportion gardée pour un beatmaker aussi peu expérimenté) et réussit à combiner habilement une certaine naïveté pop désabusée à cette noirceur urbaine purement hip hop (incarnée par les flows incisifs des deux MC’s, Rugged Monk & Crisis) en empilant des détails sonores très lo-fi dans une production fournie mais jamais démonstrative, construite autour de changements de rythmes déroutants et d’une certaine emphase. La présence du RZA en personne sur le disque semble d’ailleurs valider la démarche. Entre producteurs aux idées aussi larges que farfelues, le dialogue ne pouvait qu’être constructif…